Wednesday, February 08, 2006

NAVIGATEURS-DE-L'INFINI

J-H Rosny Aîné

Editions Rencontre, 1960

Extraits

Parfois, un animal moins prudent que les autres s’arrêtait à quelque distance pour nous observer de ses yeux multiples ; si nous marchions vers lui, il ne tardait pas à détaler.
- Ceux-là sont peut-être plus intelligent… Ils cherchent vaguement à se rendre compte… Quelle chance, Jean, si nous rencontrions des êtres quasi humain !
- Ou quelle malchance ! S’ils allaient être aussi intelligents et aussi féroces que les hommes ?…

.......... .......... .......... ..........

- Alors, vous les croyez réellement inoffensifs ?
- Ils sont déjà, par nature, enclins à une douceur plus grande que les humains… une douceur où il entre beaucoup de résignation.
- Pourquoi de la résignation ?
- Ils savent qu’eux-mêmes et tout leur règne ont en décadence ! Ils le savent en quelque sorte d’une manière innée, en même temps que par tradition… Notre présence leur inspire naturellement une intense curiosité, et leur donne, si j’ai bien compris, de confuses espérances.

.......... .......... .......... ..........

Oui, nous comprenons… Je crois même que nous pourrions apprendre tout ce qui se fait sur la Terre. Mais nous ne savons plus tirer des notions nouvelles de nos anciennes… nous ne le savons pas et nous en avons perdu le goût. Cela nous semble si inutile ! Peut-être ne serait-ce qu’une cause de malheur… Par le retour de cette prévoyance aiguë, inestimable pour les races jeunes, désespérante pour les races vieilles. Mieux vaut mille fois ne pas songer à l’avenir, nous engourdir dans le présent, dont nous ne souffrons que lorsque les vies inférieures nous menacent.

.......... .......... .......... ..........

Violaine écoutait, rêveuse. Son visage ne gardait aucune trace du funeste accident. Pour moi, je subissais cet effroi rétrospectif si violent chez les êtres d’imagination. Et l’idée qu’une ou deux minutes plus tard la mort apparente serait devenue la mort éternelle me donnait de brusques chocs au cœur.

.......... .......... .......... ..........

Ce que nous appelons la beauté n’est qu’une fable humaine. Même sur la Terre, elle n’a aucun rapport avec la réalité.

.......... .......... .......... ..........

Rien qu’une étreinte, la plus chaste, la plus innocente, pour faire ce bonheur au-delà de tous les rêves, de tous les beaux mirages créés à travers les temps par les créatures périssables qui tentent désespérément de dépasser leur destin.

.......... .......... .......... ..........

- Je suis seul à en souffrir, et seulement certains jours. La décadence n’est pas un mal ; souvent, j’estime que c’est un bien.

.......... .......... .......... ..........

Comment est né le règne éthéral ? Quelles modifications a-t-il subi au cours des âges ? Ces questions sont insolubles, puisque les Ethéraux n’ont pas d’annales et que leurs souvenirs ne dépassent pas une période si courte qu’ils n’ont pu en dégager la notion abstraite du temps. Pour eux, il n’existe qu’une espèce de présent, sans cesse en voie de transformation, sans repères lointains dans le passé, donc pas de tradition, rien qui ressemble à notre histoire générale ni même individuelle.


READ DURING WEEK 05/06


1 comment:

Anonymous said...

Really amazing! Useful information. All the best.
»